Quel est le rôle du DAF sur le cash dans un contexte de levée de fonds difficile ?

Cela fait deux années consécutives que les VCs que je connais me confessent prendre un peu de vacances, après des années particulièrement chargées. Certes on en voit aussi très mobilisés actuellement car certaines de leurs lignes d’investissement sont en souffrance.

D’ailleurs je vois aussi des chefs d’entreprises assez peu sereins en ce mois d’aout, avec des levées qui tardent à venir et des investisseurs historiques tendus.

Les levées de fonds sont en effet plus difficiles depuis maintenant une bonne année. Ceux et celles qui ont pu lever sur 2020/2021 ont eu les meilleures conditions de marché depuis bien longtemps.

Aujourd’hui, certains secteurs en pointe il y a 2 ou 3 ans sont délaissés, et pour les autres les valorisations ont baissé, certaines clauses contractuelles se sont endurcies, et les due diligence sont nettement plus poussées (entre nous, ça ce n’est pas plus mal car les due diligence au rabais ont eu des conséquences néfastes, et là encore certains en payent les pots cassés aujourd’hui). Bref, les conditions se tendent.

Alors que doit faire le DAF dans un climat si compliqué lorsque sa boite est dans un process de levée de fonds ?

Voici pour ma part quelques points qui me semblent assez importants pour protéger le nerf de la guerre : le cash.

    • Sécuriser le suivi de la trésorerie. Il faut suivre au jour le jour sa trésorerie, afin d’anticiper d’éventuels murs qui pourraient mettre en difficulté l’entreprise. Je recommande souvent la mise en place d’un « cash rolling forecast » de 8 à 12 semaines. Le principe est d’identifier tous les mouvements de trésorerie, entrant et sortant sur la période, et de le mettre à jour autant que nécessaire et au moins une fois par semaine.
    • Optimiser son BFR en encaissant le plus tôt possible. Beaucoup trop de DAF de startups ont considéré que les créances clients n’étaient pas un sujet puisque les levées de fonds suivaient à un rythme suffisant. Grave erreur !!! le meilleur financeur de l’entreprise est son client !!! Donc courrez après la moindre créance, ne la laissez pas dormir chez votre client. Mettez en place un bon process de relances.
    • Optimiser son BFR en décaissant le plus tard possible. Ne payez pas vos fournisseurs en avance ! Certains pensent que pour bien se faire voir il faut payer ses fournisseurs avant l’échéance…. Bref… Un fournisseur se paye à l’échéance de la facture, et cette échéance doit entrer dans les sujets de négociations avec le fournisseur, comme peut l’être le prix ou le délai de livraison. Vous pouvez aussi toujours négocier avec les fournisseurs des échéanciers si vous vous rendez compte que cela va devenir compliqué.
    • Discutez avec votre banque. Comme je le dis souvent le banquier serait plus à l’aise pour échanger avec vous si l’entreprise est en forme. Alors n’attendez pas que ce soit la catastrophe pour échanger avec le banquier. Sinon, il sera trop tard.
    • Faites le tour des dispositifs d’aides non dilutives. On ne sait jamais, il peut rester quelques opportunités que vous n’avez pas encore exploité.

Plus l’entreprise sera en position difficile au niveau de la trésorerie, plus les discussions lors de la levée de fonds seront rendues difficiles, avec en plus la menace d’une situation de cessation de paiement. Le DAF est là pour accompagner l’entreprise et ses dirigeants dans ces situations complexes. Il doit proposer des solutions et rassurer (ou non … ) les actionnaires sur la situation financière de l’entreprise.

Et vous ? Qu’avez mis en place et que prévoyez-vous de faire ?

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Très pertinent @XavierMilin, surtout dans un contexte estivale où les délais de paiement des factures B2B sont allongés.

Une autre option sur la table pour ne pas dépendre des VCs en se diluant ou pour ne pas attendre sans cesse après son banquier, c’est de faire appel à des solutions de financement non dilutifs

C’est ce que nous proposons avec Karmen que j’ai cofondé :

  • Optimiser son BFR en payant plus tard ses fournisseurs avec des délais de remboursement sur 3 à 6 mois
  • Optimiser son BFR en encaissant plutôt : solution d’affacturage 2.0, invisible pour les clients finaux

Les entreprises ayant des produits physiques avec une saisonnalité sur la fin d’année sont encore plus concernées du fait de l’achat de stock en amont. Surtout dans un contexte où les fournisseurs sont moins flexibles sur les délais de paiement

Et comme tu le dis, ce sont des sujets qui s’anticipent avant que la situation soit insoutenable

Au plaisir,
Baptiste WIEL

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Merci @Baptistewiel
Le soucis pour l’affacturage est qu’il ne peut pas s’appliquer à toutes les offres et que bon nombre de structures n’y ont pas droit pour des raisons de modalité de livraison du service (par exemple : abonnements annuels).
L’autre sujet sur le factor, que je mets souvent en avant, c’est l’addiction à cette solution et la difficulté d’en sortir à terme. C 'est un peu comme une drogue dure à certains égards :grinning:

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merci @XavierMilin !

C’est très vrai pour les solutions d’affacturage classiques qui se réservent le droit d’accepter ou de refuser telles ou telles factures et qui imposent de faire passer tous les factures d’un client, une fois celui-ci validé.

En revanche, avec la solution Karmen Factor, comme le risque est pris sur l’entreprise en question et pas sur les créances clients (pas de cession de créances)

  • tous les clients sont acceptés
  • toutes les prestations (même les abonnements annuels) sont acceptées
  • c’est invisible pour les clients finaux
  • la relation commerciale n’est pas modifiée

Au plaisir d’en parler plus longuement de vive voix si cela vous intéresse
Baptiste

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Super post, merci @XavierMilin !

La mise à jour du « cash rolling forecast » toutes les semaines a vraiment été un game changer de notre côté. Chaque lundi, je prenais 10/15 minutes avec chacun des responsables des 8 filiales, et on avait le forecast actualisé dans un dashboard synthétique.

Le plus difficile dans tout ça ?
S’assurer qu’il était effectivement à jour !

Au delà des aspects liés au reporting, il y a un vrai travail à faire sur la culture financière auprès des équipes :slight_smile:

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Merci pour le sujet @XavierMilin.

Les DAF ou Trésorier doivent également prendre en compter le placement de l’excédent de trésorerie, surtout après une levée de fonds.
Les taux étant élevés, une startup peut augmenter son runway et sa maturité financière, avec des solutions garanties.
Vous pouvez consulter l’article suivant pour en savoir davantage : https://platon-finance.fr/blog/pourquoi-votre-trésorerie-dormante-impacte-négativement-votre-entreprise

exactement @RomainMaltrud ! s’assurer qu’il est à jour et cadre avec les relevés bancaires antérieurs. merci pour le témoignage qui conforte mes propos.

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